HISTOIRE DE LA MEDECINE ESTHETIQUE
"Une Histoire de la Médecine Morphologique et Anti-âge"
Des papyrus d’Ebers aux lasers, comblements et toxine botulique
Dr Isabelle PAUL-GUENOUN © 2008

              VI - VIII siècle : LE SIECLE DES LUMIERES   

 

  Le siècle des Lumières en Europe sera  une période marquée par le rationalisme philosophique avec Rousseau, Diderot et Voltaire,, un immense essor scientifique, et enfin la critique de l’ordre social et de la hiérarchie religieuse qui conduiront à la révolution française.

 6.1 La médecine : expérimentation,  recherche

  Elle est marquée par l'avènement d'un grand nombre d'écoles de pensée vitalistes, mécanistes, etc ..., parallèlement aux courants philosophiques qui vont dominer le siècle ; les recherches continuent grâces aux travaux du chimiste Lavoisier sur l’air et l’eau; on commence à appréhender la physiologie de la respiration.
   La santé publique fait un grand pas avec notamment le procédé de variolisation importé de Constantinople (où il est utilisé dès 1701 par Giacomo Pylarini) par Lady Mary Wortley Montagu (épouse de l'ambassadeur d'Angleterre en Turquie) et introduit à Versailles par le Docteur Tronchin (1709-1781). Cette technique d'inoculation, parfois dangereuse, sera remplacée à partir de 1796 par l'invention d'Edward Jenner (1749-1823) qui injecte de la vaccine (maladie bovine) pour prévenir la variole. Sa " vaccination " remplacera peu à peu l'inoculation. En revanche, les hôpitaux sont, selon un rapport de Jacques Ténon en 1788, dans un triste état et ils servent toujours plus de refuges que de lieux de soins, mis à part dans l'armée et la marine.
  Les " pharmaciens " remplacent les " apothicaires " et, si les médecins du dix-huitième siècle sont riches et érudits pour la plupart, ce siècle est marqué par la réhabilitation des chirurgiens français qui peuvent devenir docteurs et pour qui Louis XV crée l'Académie Royale de Chirurgie en 1731.

  6.2  -Début du siècle outrancier, sophistiqué

   C’est l’époque de maquillage outrancier, de structures en bois rendant les hanches plus larges que les épaules et des perruques immenses. A la Cour du Roi Soleil, les femmes se réunissaient en salon et mettaient en avant leur coquetterie de façon spectaculaire. Fardés avec du safran et autres pollens de fleurs, les visages étaient devenus intenses, et les chevelures se montraient sous des formes jamais imaginées jusqu'ici; de véritables chefs d'oeuvres démesurés, savamment ornés d'une multitude d'accessoires. Elles se collaient des mouches, faux grains de beauté en velours. Les hommes aussi se prêtaient à ce jeu quasi-surnaturel, qui continua - mais de façon moins démesurée - sous Louis XV.

25-Une caricature de la fin du XVIIIe siècle

 

  6. 3 Répercutions  des mouvements philosophiques sur l’hygiéne, la santé et la beauté

    6.3. 1 Retour de l’hygiène

  Timidement à la fin du XVIIIe siècle. Si le goût des parfums est loin d'avoir disparu, leur usage n'est plus incompatible avec la propreté; les savons parfumés sont à la mode. On reprend l'habitude de se laver, du moins dans les classes aisées et sous l'influence anglaise, une plus grande importance architecturale sera accordée aux salles de bains et aux cabinets de toilette.

    6.3.2 Retour au naturel, prise de conscience de la toxicité des fards

   Un discours anti-cosmétique « naturalisant » puissant, apparaît cette fois ci  hors église, sous  l‘influence des mouvements de naturalisation, des réflexions sur l’hygiène et sur la santé avec  Montesquieu et La Bruyère en France  Ce discours va influence  les cosmétiques et la médecine esthétique : la beauté devra ressembler désormais  à l’ image naturelle et  la beauté redevint plus "sage", enfin accompagnée d'une meilleure hygiène. La marquise de Pompadour utilisait des masques renfermant du miel battu avec de la crème fraîche, et rafraîchissait son visage avec de l'eau de cerfeuil tonifiante.
   C'est aussi à ce moment-là qu'on se rendit compte de la toxicité de certains composants des cosmétiques utilisés depuis déjà longtemps: plomb (céruse en particulier), mercure, zinc, arsenic, et les produits de maquillage furent enfin pris en main par de vrais professionnels, qui les mirent en vente dans des boutiques. Le règne du "Paris des Parfumeurs" commençait.
   Les réflexions de Rousseau sont emblématiques de ce retour à la nature avec  des "Rêveries du promeneur solitaire » Le docteur Tronchet incite les femmes à s'ébattre dans la campagne, en tenue "simple", jupes courtes et talons plats, tandis que l'Abbé Prévost exalte dans ses romans l'image de la beauté de la campagne, saine et naturelle. Ces réflexions gagnent également la Cour. Au Petit Trianon, la reine délaisse les corsets et les coiffures sophistiquées  en témoigne la "chemise" dans laquelle elle pose pour Elisabeth Vigée-Lebrun dans un tableau célèbre.

On se maquille moins, l’outrancier disparaît : la femme idéale de l'époque doit avoir un teint de porcelaine aussi naturel que possible et les lèvres douces. Bien que bouclés et poudrés, les cheveux adoptent un style savamment "décoiffé". La femme n'est plus une beauté statique engoncée dans des costumes trop étroits pour elle. Les tableaux de Fragonard présentent une beauté en mouvement : dans un cadre naturel, les femmes s'ébattent joyeusement, et, au détour d'un jeu, dévoilent une cheville ou une partie de leur corps.

26 - Fragonard, Les hasards heureux de  l'escarpolette  1767