HISTOIRE DE LA MEDECINE ESTHETIQUE
"Une Histoire de la Médecine Morphologique et Anti-âge"
Des papyrus d’Ebers aux lasers, comblements et toxine botulique
Dr Isabelle PAUL-GUENOUN © 2008

V - LE SIECLE CLASSIQUE, ou XVIIème  LES MEDECINS DE MOLIERE

      5.1 - La médecine : entre les grandes avancées et les mèdecins de Molière 

  Cette période est marquée, en médecine comme ailleurs, par l'avènement de la raison(16 ); tandis qu’en France l’édit de Nantes d’Henry IV met fin aux guerres de religion et qu’un calme relatif s’installe en politique avec les  Monarchies d'Europe (grâce à Richelieu sous Louis XIII et Mazarin sous la régence d’Anne d’Autriche avant l’avènement de Louis XIV).
   Les croyances anciennes sont battues en brèche et les esprits de ce siècle n'accordent foi qu'à ce qui se vérifie, s'analyse et se palpe; c’est le début de l’expérimentation scientifique avec Francimarshalls Bacon par exemple en Angleterre.
   Mais la médecine  elle reste encore impuissante contre les grandes épidémies, et les méthodes sous l’influence de constructions intellectuelles ou religieuses faussent encore l’interprétation des faits mieux observés.
   Si au siècle précédent le travail était basé sur l'observation et la dissection anatomique, au XVIIe siècle on passe à l'étude microscopique qui va préparer la médecine du siècle suivant. Le microscope apparaît en Europe avec en 1665 : Robert Hoock en Angleterre et en 1675 Anton van Leeuwenhoeck en Hollande qui décrit des "corpuscules" en observant son sang, ainsi que les protozoaires et bactéries, qu'il nomme les "animalicules".

22 -  Microscope de  Marschall

   Ainsi la plus grande découverte sera celle de la circulation sanguine par Harvey , médecin Anglais (1578 1657), chirurgien des rois Jacques 1er et Charles 1er, qu’il décrira en 1628 dans son ouvrage "Exercitatio anatomica de motu cordis et sanguinis in animalibu". On lui doit le principe « tout être vivant provient d’un germe » ,
  Mais la médecine est toujours à l’heure "humorisme". On se rappelle des pièces de Molière, tournant à la dérision les médecins : « signare, purgare et selterium donare ». La purgation, les saignées, les régimes alimentaires, les ventouses restent à la base de la thérapeutique tout comme l'observation des urines reste à la base du diagnostic, tandis que les gens fortunés comme Mme de Sévigné vont prendre les bains dans les villes d’Europe. Chaque apothicaire fabrique "à sa façon", on utilise des poudres miraculeuses dans les foires, et cela laisse peser le discrédit sur les thérapeutiques médicamenteuses.
   Afin d’isoler les malades, ou la misère,  on construit des établissements; les hôpitaux se développent pour héberger les pauvres et les infirmes, exclus de la société. L'hôpital Saint-Louis voit le jour à Paris à l'initiative d'Henri IV, et Louis XIV décide la création dans les grandes villes d'un hôpital général pour les mendiants, les invalides et les prostituées.
 

  5.2  La purge, les saignées, les eaux miraculeuses appliquées à l’esthétique

  Pendant le Siècle classique, la beauté correspond à des canons très précis. C'est l'heure du jardin à la françaisMadame de Montespane, de la domestication du naturel et du culte de la sophistication. On demande aux femmes d'avoir un teint de lait, une taille très fine, une poitrine imposante, des bras et des mains potelés.
  Les femmes se fardent de rouge, symbole de l'amour et de la sensualité, et vont jusqu'à accentuer leurs veines pour souligner leur délicatesse et leur haut lignage. Madame de Montespan incarne parfaitement la femme idéale d'alors : le corps est enfermé dans un corset enserrant impitoyablement la taille et faisant ressortir le profond décolleté, la peau est pâle et les lèvres d'un rouge profond.
Ce corrigé en passe par la purge, le lavement et la saignée. Marion de Lorme « se tenait des matinées entières les pieds dans l’eau pour attirer ses humeurs vers le bas et atténuer le rougissement de son nez »
   23- Portrait de Madame de Montespan, Anonyme


Pour se protéger du soleil, les précieuses de l'époque n'hésitent pas à se promener avec un masque sur le visage qu'elles tiennent avec leurs dents. De nombreux remèdes miracles, promulgués par les médecins de la cour ont trait, comme la fameuse "Eau de la Reine de Hongrie", aux  pouvoirs revitalisants, esthétiques et thérapeutiques. Elle peeauhongriermettait de retrouver la force et la beauté nécessaires à la séduction, ainsi que de guérir des maux aussi divers que : rhumatismes, palpitations cardiaques, peste, obstruction du foie, jaunisse, bourdonnements d’oreilles et douleurs abdominales. Elle était très utilisée à la Cour de Louis XIV , Madame de Sévigné en raffola et disait à sa fille, Madame de Grignan, "J’en suis folle, c’est le soulagement de tous mes chagrins ...,je m’en enivre tous les jours, j’en ai dans ma poche….’’. Madame de Maintenon en recommandait également un usage quotidien à ses pensionnaires de Saint Cyr afin de les protéger des épidémies. Antoine Daquin, médecin de Louis XIV, obtint un brevet pour la vente de l’ ’’Eau de la Reine de Hongrie’’ à Paris chez ‘’le Sieur Daumont, rue de la Huchette à l’enseigne du ‘’Messager de Montpellier’’.

  24-formule de l’Eau de la reine de Hongrie