HISTOIRE DE LA MEDECINE ESTHETIQUE
"Une Histoire de la Médecine Morphologique et Anti-âge"
Des papyrus d’Ebers aux lasers, comblements et toxine botulique
Dr Isabelle PAUL-GUENOUN © 2008

VIII -  Le  XX siècle

  8.1 LA SOCIETE

   Le XXème siècle voit le jour avec l’exposition universelle à Paris. S’ensuit une période courte de calme et d’euphorie. Le niveau de vie, d’éducation, d’hygiène et de santé s’améliore considérablement. Mais deux guerres mondiales, de nombreuses crises politiques, l’émergence du Sida, l’épisode de la Vache folle etc .....… vont profondément le marquer.

  8.2 - LA MEDECINE antibiothérapie, radiologie, photothérapie

   La médecine et la chirurgie, l’asepsie, la vaccination  ont fait d’énormes avancées avec Semmelweis et Pasteur. Au début du siècle la  photothérapie héritée de l’antiquité se développe.
  On ouvre des cliniques et des cabinets de photothérapie. En 1896 N. Finsen qui reçoit le prix Nobel pour l’élaboration des méthodes de photothérapie ouvre l’institut de photothérapie de Copenhague. Le médecin russe A.V Minime soigne ses malades avec succés, la lampe bleue de Minine qui sera utilisée dans presque toutes les familles comme appareil de physiothérapie. 
  Dans les années 30, la découverte des antibiotiques et des sulfamides va transformer le traitement des maladies infectieuses; la Pénicilline est découverte en 1929 par Alexander Fleming, microbiologiste Anglais, elle ne  fut toutefois utilisée pour la première fois qu’en 1941.
  La radiologie apparaî grâce aux travaux de Marie Curie, physicienne polonaise naturalisée française, qui  sera  prix Nobel en 1903 pour la découverte de la radioactivité. On commence a étudier le  traitement par photothérapie des cancers, et les premières radiologies apparaissent avec les « petites curies » camions de radiologie mobile utilisés dès la première guerre mondiale. Ainsi la conjugaison de toutes ses découvertes, faites parfois simultanément dans le monde, le partage du savoir, vont permettre de grandes avancées en France, en Europe et outre atlantique.

  8.3  SOINS DE BEAUTE

   Progressivement au cours du siècle,  l’émancipation de la femme progresse, ainsi que son entrée dans la vie active, il y aura aussi la chute des tabous sexuels. Même si les couranst de mode vont se multiplier, l’idéal de jeunesse restera prédominant tout au long de ce siècle, associé cette fois ci à la performance, courant qui va toucher les femmes, et les hommes.

        8.3.1 Les "modèles"

  Au 20e siècle ils ne seront plus seulement véhiculés par la littérature et l’art mais par le cinéma,la télévision, et les multiples médias vidéo informatiques de la fin du siècle. La femme sera tour à tour garçonne ou mystérieuse comme Louise Brooks, Coco Chanel ou  Greta Garbo (années 30), puis chic comme Jacqueline Kennedy ou sexy comme Marilyn Monroe (années 60), "bête de mode" comme Twiggy (années 70), bombe sexuelle sauvage comme Brigitte Bardo, puis « branchée » comme Madonna (années 80), ou encore ambassadrice du luxe comme Carole Bouquet (années 90). Les hommes père de famille bourgeois se transformeront en jeunes cadres dynamiques ou bodybuilders virils.

      
           8 .3.2 L’utilisation des cosmétiques

  Cosmétiques, parfums, maquillage se démocratisent. L’embellissement et la lutte contre le vieillissement deviennent un véritable marché, les chiffres d’affaires s'envolent, les instituts de beauté commencent à se développer, les premiers laboratoires vont naître outre atlantique.
   Les produits de soin donnent envie aux femmes d'être plus belles et de rester jeunes. Après les privations de la Première Guerre Mondiale, tout commence vraiment dans les années 20, grâce aux progrès de la chimie, de l'industrialisation, et des technologies : parfums de synthèse, dérivés pétroliers, tensioactifs synthétiques et stabilisateurs d'émulsion. Ces nouveaux ingrédients ainsi que des formulations complexes réalisées par des chercheurs vont caractériser les cosmétiques modernes.
  Les  marques de cosmétiques prospèrent les produits de maquillage s'allègent, grâce notamment à la micronisation de leurs pigments colorants et à de nouvelles textures plus fines. Les cosmétiques ne vont plus s’adresser qu’aux classes nanties mais très vite à toutes les femmes, et les stars d'Hollywood serviront incontestablement de modèles; ainsi  la science rénove l’esthétique et renforce le sentiment de maîtrise. Les vitamines, les hormones, et même la radioactivité qui apparaissent dans les premières décennies, apparaissent dans les cosmétiques les années suivantes.
   Il en sera progressivement de même avec le collagène, les acides hyaluroniques, les substances  botox® like, la parfumerie n’a plus rien à envier à la pharmacie.
  Côté maquillage dès les années 70, la mode va donner le ton à différences tendances: deux fois par an, un nouveau look sera proposé aux femmes; cette mode de consommation de produits esthétiques et de soins de beauté sera suivie de près par les hommes, envie de performance, de séduction et ou de soins. L'ère des fashion victims est née, avec la complicité des médias et des peoples.

  La  définition du cosmétique, se précise aussi (produits d’hygiène et d’embellissement ) ainsi que leur législation. Un cosmétique est désormais défini comme :"une substance ou une préparation destinée à être mise en contact avec diverses parties superficielles du corps humain, notamment l'épiderme,les systèmes pileux et capillaires, les organes externes, les dents et les muqueuses, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, protéger, parfumer, maintenir en bon état le corps humain, de modifier son aspect ou d'en corriger l'odeur. Les cosmétiques sont des produits d'hygiène et d'embellissement". Il sera distingué des médicaments car un cosmétique ne soigne pas, les médicaments devant obtenir une autorisation de mise sur le marché et prouver leur efficacité par des tests. 

                     8.3.3 Le teint pâle n’est plus de mise

   Dans les années 70, le bronzage devient l’expression de la bonne santé, de la beauté, du "jeunisme"; touchant encore une fois les hommes comme les femmes, avec l’image du jeune cadre dynamique dans les années 80, mince et bronzé. Avec les congés payés les plages se remplissent, les expositions solaires sont excessives, les cabines d’esthétiques se mettent à utiliser les premières lampes à bronzer les fameux UVA.
  Même si les dangers des expositions solaires et des lampes à bronzer commence a être connue pour les risques de cancers de la peau et l’accélération du vieillissement cutané, de la même façon que pour les fards à bases de produits toxiques et les dépilatoires du Moyen Age, elles se généralisent et s’amplifient.
  Les fonds de teint se développent dans tous les tons pour masquer les taches et irrégularités du teint. Les laboratoires fabriquent les premiers autobronzants, les instituts de beauté font des gommages reprenant des techniques ancestrales ou orientales, la médecine dermato-esthétique développera les techniques de peeling chimique.


        8.3.4 Les techniques de dépilation se développent

   La lutte contre la pilosité s'intensifie avec la mode qui raccourcit les jupes et les maillots de bain, hormis la période de 68, ou revoit des aisselles féminines, non épilées.
   Dès 1930, des appareils d'épilation promettent de détruire les poils en évitant brûlures et irritation, Tous les moyens sont utilisés, des dépilatoires chimiques moins toxiques à base d’agents réducteurs qui touchent sélectivement la couche de kératine superficielle du poil sans toucher à la peau (sels d’acide thioglycollique et acide thiolactique - ph 10 à 12 et 5 à 15 mn d’action) apparaissent en 1956 avec Cifelli . Mais dans le domaine médical, la recherche sur l'épilation s’intensifie aussi pour traiter les hirsutismes pathologiques.
  La petite histoire raconte qu’à la fin du siècle dernier en 1875, un ophtalmologiste, le Dr Charles Eugène Michel de St Louis au Missouri cherchait une solution pour résoudre le problème des poils de sourcils qui causaient à ses patients de graves problèmes de vision chroniques. Il expérimenta une nouvelle techniqued'épilation en attachant une aiguille au fil  électrique d'une batterie l'inséra dans le follicule pendant plusieurs minutes. Ce traitement détruisit complètement le follicule du poil. Le poil ne repoussa pas. L'histoire de l’épilation électrique commençe. Le  principe étant basé non pas sur l’élecrocagulation mais sur l’electrolyse, qui est une réaction électrochimique dans le tissu (transformation du sodium en sodium hydroxyde ou soude). Cette technique sera affinée, et restera une méthode de référence soit par thermolyse soit par électrolyse et complémentaire de l’épilation laser lorsque les poils sont peu nombreux, blancs, gris ou pour les duvets.

               8.3.5  la  recherche contre les aspects du vieillissement du visage

   Les  préoccupations esthétiques commencent dés le début de siècle, comme on le verra, traitant de l’affaissement des traits et des rides qui stigmatisent le vieillissement du visage. Ainsi avant la première guerre mondiale, dès 1901, le premier lifting (rhytidectomie) est réalisé  par un allemand E Hollander comme on le verra, en 1906 aux USA Charles Conrad Miller traite les poches sous les yeux, en 1912 un autre allemand retend les joues affaissées, on note les premières injections de graisses sous cutanées pour combler les rides du visage, l’apparition de crèmes anti-âge, mais aussi d’autres thérapeutiques endocriniennes du vieillissement que l’on trouvera vite excentriques et dangereuses comme la greffe de testicules et de thyroïdes de singe.