HISTOIRE DE LA MEDECINE ESTHETIQUE
"Une Histoire de la Médecine Morphologique et Anti-âge"
Des papyrus d’Ebers aux lasers, comblements et toxine botulique
Dr Isabelle PAUL-GUENOUN © 2008

   2.2 L’EGYPTE

   2.2.1 LES SOURCES DE DOCUMENTS

 Extrêmement riches :
  -Les momies embaumées
  -Le matériel des sépultures grandioses des rois et reines : couleurs a paupière, pinces à épiler , rasoirs, pots de crèmes hydratante contenant de la graisse animale mélangés aux graisses parfumées, des instruments (sondes, curettes,aiguilles , bistouris) sont retrouvées dans de multiples sépultures (notamment dans la tombe de Toutankhamon).
  -Les écrits avec les papyrus et surtout : les papyrus médicaux, qui  remontent au moyen empire, écrits en hiératique  (du grec hieraticos sacerdotal, hieros sacré), les plus célèbres étant :
  Le Papyrus de KAHUN de la XIIème dynastie
  le Papyrus d’EDWIN-SMITH trouvé à Thèbes en 1862, conservé à New York, daté du de l’ancien empire, copie écrite à la fin de la XII dynastie (1780 av JC), exempt de magie ou seuls les faits et les conséquences sont relatés
   le Papyrus d’ EBERS , du nom de l’allemand qui l’aurait acheté à un Egyptien en 1873, près d’une momie, daté de la XIII dynastie (1500 av JC), intitulé « Ici commence le livre relatif à la préparation des médicaments pour toutes les parties du corps » mais il s’agirait d’une copie de documents plus anciens, comportant aussi de l’anatomie.
  Le Papyrus de LONDRES de la XX dynastie, celui en copte de CHASSINAT, de Hearst et de Berlin….
  Leur connaissance date de 1875, date de leur traduction.

 2.2.2  DES CASTES DE  MEDECINS PRËTRES

  Dès l’antiquité classique, la réputation de la médecine égyptienne était bien établie (8); HOMERE dans l’Odyssée écrivait " En Egypte, les médecins l’emportent en habilité sur les autres hommes";
HERODOTE dans ses « Histoires » rédigé en 450 av JC, un témoignage sur la médecine. "En Egypte, chaque médecin ne soigne qu’une maladie, aussi sont ils légion, il y en a pour les yeux, la tête, les dents, le ventre et même les maladies non localisées ».
   Les sorciers sont remplacés par des prêtres qui intercèdent auprès des Dieux (Sérapis) pour la guérison, car la maladie est considérée comme un châtiment divin, la médecine, qui n’est pas encore une science, mais plutôt une magie est considérée comme un art sacré qui comprenait également la pharmacie, la chirurgie et l’embaumement.
   Le terme de magique religieux à cette période n’a pas la connotation négative de sorcellerie ou d’imprécision d’aujourd’hui, il faut le replacer dans le contexte, ou par example sous Ramsès I, vers 1314 av JC, toute matière est d’origine divine, et tout phénomène obéit a une loi fixée par les dieux; la distinction entre magie, religion et science relève d’un système moderne occidental.

     2.2.2.1 - les premières écoles de médecine

   L’art médical est cependant d’une grande maîtrise et s’étend sur plus de 3000 ans, bien que le médecin semble négliger le corps, ainsi que les papyrus témoignent de leur ignorance de l'anatomie humaine, les Egyptiens connaissent bien celle des animaux. Ce n’est que bien après Galien, que l’on disséquera des cadavres, lors de l’essor de la médecine grecque.
  Le savoir est  jalousement transmis de génération en génération. La pratique médicale est transmise non pas de maître à élève, mais de père en fils, au sein de castes qui font parties de l’élite de la société, et l’on retrouve l’existence d’écoles de médecine, appelées maisons de vie, ancêtres de nos facultés, ou le jeune praticien pouvait compléter son enseignement paternel par la fréquentation de savants médecins, de directeurs d’ateliers, où des scribes recopiaient les écrits consacrés à la médecine. De ces ateliers sortiront les "Papyrus médicaux".

    HELIOPOLIS siège de la plus célèbre faculté de médecine  et THEBES ou l’on pratiquait la chirurgie sont les 2 principaux pôles médicaux.  Les médecins, voisinent avec les prêtres et les chefs militaires, et les responsables des greniers publics. Religion, sécurité militaire, médecine, et sécurité alimentaire représentent les fondements de la société. Certains médecins sont  médecins magiciens ou médecins prêtres, chargés de vérifier la qualité de l’alimentation, des accidents du travail, de l’embaumement, et des rites funéraires.
  A l’exception de certaines spécialités, la médecine reposait cependant souvent sur des croyances plus que des  certitudes,( prévision du sexe du bébé avec les urines : papyrus Carlsberg, utilisation de l’ail dans le vagin, puis étude de l’odeur de la bouche .. pré-science ?,) mais elle apparaît comme rigoureuse avec des spécialisations : chirurgie traumatologique,  décrite dans le  Papyrus chirurgical d’ Edwin Smith,  (1500-1200) , ophtalmologie, gynécologie, proctologie, dermatologie. Mais comme les médecins de Molière, ils s’attachaient aveuglément aux opinions de leurs anciens, par vénération excessive au passé, comme le rapporte  Diodore de Sicile .
4- Edwin Smith Papyrus
Dynasty 16-17 (ca. 1600 B.C.)Thebes, Papyrus and ink.Courtesy of the Malloch Rare Book Room   of the New York Academy of Medicine
              
  2.2.2.2 –IMHOTEP

  L’Egypte, ne nous a pas laissé beaucoup de noms de ses grands médecins, cependant le nom d’Imhotep qui signifie "qui donne satisfaction"  ou "celui qui vient en paix",  premier ministre, médecin et architecte du roi Djeser revient souvent. Confondu par les médecins d’Alexandrie avec Esculape, et que les Egyptiens avaient déifié comme dieu de la médecine, il fut un personnage réel, qui vécut au début de la III dynastie sous le pharaon ZOSER, les livres dont se servaient les anciens égyptiens ainsi que le papyrus d’Edwin Smith lui sont attribués.
   D’après Flavius CLEMENS, qui fonda en 200 une secte chrétienne à Alexandrie, il y aurait eu 42 livres de médecine et 6 livres contenant le savoir en matière de pharmacopée, chirurgie, gynécologie. D’autres pensent qu’il y aurait 6 livres sacrés, les livres d’Hermès, connus de Galien et perdus depuis.
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  2.2.3    PREMIERES DESCRIPTION D’ ANATOMIE, La pharmacopée

   La connaissance anatomique est due essentiellemment à la pratique de l’embaumement, autant qu'à la pratique médicochirurgicale. Certains papyrus (comme le papyrus Edwin Smith ou le papyrus d’Ebers, écrits aux alentours du -XVIe siècle) contiennent les descriptions anatomiques médicales les plus anciennes attestées à ce jour.
   L'extraction du cerveau par les fosses nasales nécessite la connaissance de la lame criblée de l’ethmoïde; les viscères conservés dans les vases canopes sont identifiés. Des notions de formes et de topographie viscérale sont rapportées dans des papyrus, avec des erreurs importantes; par exemple, le cœur est identifié comme le centre des vaisseaux, mais toutes les structures canalaires sont des vaisseaux (tube digestif, voies urinaires, artères, veines…). L'importance donnée à la préservation des cadavres interdit la pratique de dissections "scientifiques".
   Les pharmacopées extrêmement développées et riches s’appuyaient sur  des compositions à partir de plantes et de minéraux et l’ouvrage de référence des prêtres médecins s’appelait « le livre des 36 herbes », on parle  déjà de chimie. Les connaissances chirurgicales, et l’art de traitement des plaies était connus.

 2.2.4 L’IMPORTANCE SPIRITUELLE DES SOINS DE LA PEAU ET DU CORPS : beauté, santé, pureté, traitement

  L'Égypte était une civilisation spirituelle où la beauté était recherchée pour afficher sa bonne santé et la pureté de son âme. Cela n'a pas été répandu dans la classe royale seulement; aucune femme en Égypte ne dormait sans son huile du corps, elle était distribuée aux ouvriers comme faisant partie de leur salaire.
   On retrouve deux principales préoccupations : la propreté et l’hygiène avec les bains, le rasage des poils, la lutte contre les odeurs corporelles
   L’entretien, allant de pair avec l’embellissement et le traitement à l’aide de crèmes, d'onguents, et de fards traitants.

            2.2.4 .1 La propreté  et l’hygiène corporelle

  Mauvaise haleine et mauvaise odeur corporelle étaient des choses honteuses. Les belles odeurs étaient essentielles, liées selon la croyance égyptienne, à la propreté.

  a -  Les bains : Les Égyptiens se lavaient quotidiennement et rituellement. Les maisons riches avaient une salle de bains où les domestiques versaient des cruches d'eau sur leur maître. L’eau sortait ensuite pour arroser le jardin. Le savon en pain était alors inconnu. On se frottait avec du natron, sorte de bicarbonate de soude (mélange de carbonate et de chlorure de sodium, que l'on trouve à l'état naturel dans les lacs égyptiens et qui servait aussi à l’embaumement) et une pâte de cendres et d'argile. Les Égyptiens avaient appris à distiller les huiles essentielles. La science Égyptienne de parfumerie a duré jusqu’au Moyen-Âge. La parfumerie a commencé comme un art secret pratiqué par la prêtrise. La fonction de parfumerie était spirituelle, hygiénique, et sensuelle. L'Huile du cèdre a été considérée comme la plus sacrée de toutes les huiles distillées. On pensait alors que l'essence spirituelle de plantes avait des qualités curatives et un pouvoir surnaturel; l'incarnation de la plante guérit l'esprit.
   L'huile parfumée était utilisée pour hydrater la peau dans ce climat sévère. Aux réceptions, les domestiques plaçaient un pot de graisse parfumée à la disposition de chaque invité. Tout aussi rituel, des onguents à l’oliban ou au térébenthe ou des préparations compliquées (encens de poudre d'albâtre, miel, de lait d'ânesse ou de fleurs) empêchant la transpiration. Les dérivés phénoliques, constituants des huiles naturelles et balsamiques, sont utilisés comme déodorants et désinfectants.

 b -La pilosité
   Le corps se devait d’être lisse, l’épilation était considéré comme une marque de pureté, par opposition à la pilosité animalité symbole d'impureté.
   Les pharaons, leurs femmes, les prêtres et les personnes appartenant à l’aristocratie, ainsi que leurs suivantes, s’épilaient entièrement le corps, comme en témoignent les sépultures des femmes de Ramsès II et Ramsès III, datant de 1300 à 1100 av JC .
   Les hommes s’épilaient avant le combat, (signe de virilité)
   Les méthodes étaient multiples, formules magiques, pinces à épiler, rasoirs…

  Selon les papyrus d’Ebers, le dépilatoire qui n’est pas encore un dépilatoire chimique, se concocte à base de sang de bœuf, d’ânesse et de cochon, de chien, de chèvre, et de vers, bouillis dans l’huile végétale, additionné de carapace de tortue, de graisse d’hippopotame, d’antimoine et de malachite.

                 2.2.4.2 L’embellissement :  cosmétiques symboliques et traitants

  La cosmétologie égyptienne n'était pas une simple parure. On ne peut donc pas vraiment utiliser le même terme qu’aujourd’hui. Les couleurs avaient un rôle esthétique, thérapeutique et symbolique, rituel et sacré, révélant ainsi les liens étroits entre technique et symbolique. Teintures et peintures ont été utilisées pour colorer et traiter la peau, le corps et les cheveux. Ce sont au départ les classes sacerdotales (9) qui se livrent à l’étude des matières premières, à leur mélange et les utilisent rituellement au cours des cérémonies.

  Le maquillage égyptien était raffiné : les formes (traits ou ombrages), les matières (mates ou scintillantes), et les couleurs étaient différentes selon les époques. Les papyrus médicaux, datés d’environ 1500 avant notre ère (en particulier le Papyrus Ebers), font état de véritables recettes utilisées pour protéger les yeux des maladies, par l'utilisation de fards, se sont de véritables "collyres" traitants. Les femmes activaient également la pousse de leurs cheveux avec de l'huile et les teignaient en blond roux.

   Au cours de l'Ancien Empire (2600-2200 avant JC), considéré comme l'Age d'Or de la civilisation pharaonique(10), ces fards existaient essentiellement dans des tons vert et noir. Le noir est traduit par le terme « mesdemet » qui aurait comme origine l’expression “ rendre les yeux parlants, expressifs”. Le noir, symbolise 'Horus, Dieu du soleil; le vert était la couleur d'Osiris, Dieu de la terre, de la végétation et de la renaissance. Puis d'autres couleurs, comme le jaune et le bleu, elles aussi associées aux divinités Egyptiennes, apparaissent dans les fards à paupières. Ceux-ci, contenus dans des palettes et autres récipients en pierre ou en roseau, étaient appliqués par les femmes et les hommes sous forme de khôl sur la paupière supérieure, et comme un eye-liner le long de la paupière inférieure. Pour les lèvres et les joues, une argile appelée "ocre rouge" était broyée et mélangée avec de l'eau. Le henné a été utilisé pour teindre des ongles en jaune ou en orange. Le maquillage était entreposé dans pots spéciaux. Les femmes emportaient leur boîte de maquillage aux réceptions et les gardaient sous leur chaise. Bien que les hommes aient aussi porté le maquillage, ils n'emportaient pas leur produits hors de chez eux. Les femmes riches mettaient des crèmes rouges et couvraient leurs mamelons avec de l'or. L'encens a été utilisé régulièrement. Les courtisanes utilisaient une poudre de l'ocre jaune pâle sur leurs visages pour se rendre plus "aguichantes".
   Des études ont  quantifié  et étudié les éléments minéraux et déterminé les formulations cosmétiques montrant la minutie des techniques de fabrication; les anciens Egyptiens triaient les particules minérales pour ne garder que les brins cubiques de 50 microns !


   Les analyses des laboratoire de « L’Oréal recherches » ont démontrés les efforts des chimistes antiques pour améliorer les textures ainsi que les propriété d’adhésion en y incorporant des matières grasses végétales : la spectrométrie à infra-rouge et la chromatographie en ont démontrés la présence allant de .01 à 0.10 % .
   - le pigment noir est de la galène : minéral le plus abondant sous la forme de sulfure de plomb (PbS), matériau gris à reflets métalliques, présenté plus ou moins broyé et mélangé à de la céruse (pigment blanc à base de plomb sous sa forme neutre CO3Pb pour pouvoir  obtenir  plusieurs nuances de teintes allant du noir au gris très clair traitant aussi l’ophtalmie égyptienne, 
   -le pigment vert, produit par la malachite (carbonate de cuivre), ou chrysocolle clair,
   -Le rouge, un  sulfure d’antimoine, la kermésite cristaux de couleur rouge cerise pour les lèvres du persan "Qurmizq". 
   A noter que le khôl : poudre sombre faite d'antimoine (stibine) issu des montagnes d’Arabie, écrasé avec des  amandes brûlées, et de la malachite), ne viendra que plus tard, protégeant des ophtalmies du désert en provoquant une irritation continue des glandes lacrymales lorsqu’on y ajoute du safran ou du bois de rose.
   Il est à noter  pour les composants blancs, que  la cérusite (carbonate naturel de plomb) existe dans les zones d’oxydation supérieures des mines de galène mais que  les seconds composants blancs retrouvés, riches en chlore et plomb ( la laurionite et de la phosgénite), n’existent pratiquement pas dans l’élément naturel. Cela nous montre que  les anciens Egyptiens parvenaient à les synthétiser : ils ont observé les phénomènes chimiques naturels et les ont fidèlement reproduit.


   Un exemple témoin : les soins rituels de Dame Touti, et un nécessaire à toilettes, découverts sur les fresques par le Français Emile Chassinat en 1900 au sein d’un tombeau aujourd’hui disparu. De son vivant Dame Touti, aristocrate et courtisane de Gourobe, employait ces divers cosmétiques pour se soigner afin de guérir trachome, conjonctivites, et autres maladie des yeux provoquées par les "humeurs fétides" d’un fleuve entouré de marécages.
  - le corps était enduit d’huiles aromatiques servant à assouplir et protéger sa peau des insectes,
  - les lotions capillaires étaient destinées à assouplir ses cheveux ou à les colorer,
  - la peau de son visage était égalisée avec des pommades,
  - un collyre vert était placé sur les cils et les sourcils,
  - le collyre noir appliqué en cercle autour de l’œil le protégeait des insectes et accentuait le regard pour lui donner la forme d’une amande,
   - du rouge sur les joues et du carmin sur les lèvres.

5-Pot à fard, nécessaire de soins de la dame Touti, bambous contenant des onguents  1500 AV-JC

                    
  2.2.4.3 Le teint : protection, premiers peelings


   Vers 2500 ans av. J.-C., en Égypte, le souci principal de la femme est de paraître la plus blanche possible, une couleur associée aux objets précieux et fragiles. Les nobles Égyptiennes s'adoucissent la peau au bicarbonate de sodium ou avec une pâte de cendres et d’argile effaçant les taches de l'épiderme ou redonnant la jeunesse et se protégeait la peau du rayonnement du soleil.

  Elles pratiquaient aussi  déjà la dermabrasion à la pierre ponce ou avec des compresses abrasives composées de grains d'albâtre fixés dans du miel et du lait pour traiter la face.
  Les peelings étaient déjà décrits dans un papyrus écrit 1900 ans AC et découvert par l'Allemand Georg Ebers. Les propriétés exfoliantes des acides des fruits et du lait étaient utilisées avec des jus de fruits, les tanins du raisin ou parfois de l'acide lactique comme soins de beauté (11).

   2.2.4.4 Les  premiers artifices morpho esthétiques

   Sur le plan morpho esthétique, suivant les dynasties on retrouve un type africain, élancé, mince et musclé, jambes longues, fesses rebondies, sein menus et taille large pour les femmes.
   Les crânes sont de forme allongée L’examen rapporté par Wells (12) des momies de la période d’EL Amara de la XVII dynastie, révèle un faux allongement du crâne, ne correspondant pas aux déformations intentionnelles des Francs, car l’aplatissement ne prolonge pas la ligne de la face, il n’y a pas d’intervention  mais le résultat est obtenu par des coiffures spéciales.

  2.2.5 NAISSANCE  DE SPECIALITES MEDICALES

  2.2.5.1Premiers traitements « dermatologiques »

  La peau faisait l’objet de soins attentifs pour les vivants (comme pour les morts). En dermatologie  et en esthétique, les sources sont abondantes. Les fresques donnent un reflet assez exact de l’état cutané des habitants de la vallée du Nil, ainsi que l’examen anatomo pathologique des momies permet d’avancer des hypothèses sur les pathologies et les descriptions sémiologiques de l’herpès, l’impétigo, la teigne, la variole, la lèpre, le lichen, la gale et l’eczéma. On utilisait des préparations magistrales, associées a des incantations, et le principe des thérapeutiques analogues, qui consistait a appliquer des substances de même aspect ou de même couleur, pour traiter les lésions cutanées
  Le vitiligo était également connu, on décrivait deux formes de dépigmentation l’une correspondant à la lèpre et l’autre au vitiligo, à cette époque la principale différence entre la maladie contagieuse et l’affection dépigmentante bénigne ne semblait pas connue (insensibilité à la piqûre).

   2.2.5.2 Naissance de  la photothérapie

  C’est grâce aux observations et expérimentation des égyptiens, que vont naître d’importantes voies d’utilisation de la lumière, pour soigner ou traiter une situation médicale ou esthétique.

  On leur doit  les premiers traitements par la lumière ou photothérapie :
Cette technique   appelée photo chimio-thérapie, utilisait un photo sensibilisant externe ( un psoralène) en application locale sur les lésions, celui-ci était contenu dans des plantes  Ombellifères comme le persil, le panais, le céleri, le fenouil, l'Ammi-Majus; des Rutacées : bergamote, citron, tilleul, gironfle; Légumineuses : Psoralea corylifolia, carotte, céleri Xantoxylum; ou Moracées : ficus.
  Ces psoralènes et leurs 5 familles ne seront identifiés qu’en 1911!
  La poudre de ces plantes, appliquée sur les lésions, permettait, après une exposition solaire, l’apparition d’une repigmentation, due, on le sait aujourd’hui, a une réaction locale de photosensibilisation phototoxique, créant une réaction inflammatoire et une multiplication des mélanocytes restant dans la peau grâce a l’action conjuguée de la lumière et d’un photosensibilisant.
  C’est la médecine indienne (1400 av JC) , qui par la suite va approfondir le sujet avec une autre technique, par voie interne : dans le livre sacré  indien Antharva Veda les auteurs recommandaient l’absorption de graines de " Psoralea Coryfolia " associée à des expositions solaires répétées pour les patients atteints de vitiligo, il s’agira alors de "photothérapie systémique". Cette technique reviendra au 11e siècle décrite par Ibn El Bitar qui prône  un traitement du vitiligo associant des expositions solaires répétées à la prise de graines d’une plante qui pousse abondamment dans la vallée du Nil : " l’Ammi Majus".
   La poudre préparée à partir de " l’Ammi Majus " qui ne sera identifié qu’en 1941 en Egypte contient trois composés essentiels : ammoidin (8 methoxypsoralen), ammoldin (8 iso metoxypsoralen) et la majudin (5 methoxypsoralen). El Mofty en 1948 fut le premier médecin à traiter des patients porteurs de vitiligo avec des comprimés de 8 Methoxypsoralen (Meladinine).                                                    6- Ammi Majus
   On retrouvera dans d’autres médecines traditionnelles vraisemblablement le même principe actif : les tisanes marocaines, l’herbe de la pampa sud-américaine. C’est seulement avec le développement des sources de lumière artificielle que naîtront plus de 20 siècle après, la puvathérapie,et la photothérapie dynamique .

     2.2.5.3 naissances de L’hélio, créno, Balnéothérapie

   De cette période naît aussi le début de l’utilisation des propriété curatives pour la peau du site de la mer Morte et  de ses sources.
  La croyance veut  aussi que la vallée du Jourdain et la Mer Morte aient été les sites de cinq cités bibliques : Sodome, Gomorrhe, Admah, Zebouin et Zoar.
  Le roi David, puis  Le roi Hérode qui y apaisait ses soucis politiques, Jésus, et Jean-Baptiste sont venus se baigner dans ces eaux. Le roi Salomon offrait très souvent ses sels bienfaisants à la reine de Saba. On dit même que la belle Cléopâtre pratiquait des bains de boue pour conserver son teint et y faisait fabriquer toutes ses crèmes et onguents de beauté. Dans les années 80, à Ain-Bokek, des archéologues de Tel Aviv ont mis à jour des vestiges d’une fabrique de produits cosmétiques pour l’exportation vielle de plus de 3000 ans, comprenant 9 salles ou l’on travaillait pour fabriquer des produits de beauté a partir de jus de baume, de dates et d’autres plantes sub tropicales.( jourmal archeologie préhistoire N° 21 Aout 198080 p46). Cléopâtre aurait obtenu les droits exclusifs de construire des fabriques cosmétiques et pharmaceutiques dans cette région.
  Située à plus de 400 mètres au-dessous du niveau de la mer et contenant une eau dix fois plus salée que celle des océans (280 gr/l contre 6 gr/l), la mer Morte est le point le plus bas du monde et le lac naturel le plus salin de la planète. 275 g/L contre 5 g/L. Par conséquent, cette mer ne contient ni faune, ni flore. La teneur en brome est également plus importante (vertus "calmantes")
La couche atmosphérique, plus épaisse de 400 m permet de filtrer les rayons UV du soleil dont la nocivité est connue ; et la pression partielle d'Oxygene est augmentée dans le même rapport que la pression atmosphérique (pp O2 > de 10%).
  La climatothérapie de cette région est toujours réputée de nos jours pour traiter des dermatoses ,le psoriasis en particulier.

  2.2.6 DEVELOPPEMENT DE LA CHIRURGIE REPARATRICE

  Des momies égyptiennes avec des oreilles recollées chirurgicalement,ont été retrouvée (13), les premières rhinoplasties  "à l’indienne" par lambeau frontal  pour réparer les amputations du nez, sanction de l’infidélité chez la femme sont décrites.
   Les égyptiens, les grecs faisaient des emplâtres anesthésiques avec de la poudre de marbre et du vinaigre, qui provoquait un dégagement de gaz carbonique, anesthésique local, les plantes sédatives ou narcotiques, l’opium ou l’alcool permettait les anesthésies

  2.2.7 PREMIERES RECETTES ANTI AGE

  Des recettes  de rajeunissement sont retrouvée « comment transformer un vieillard en homme jeune papyrus Edwin Smith :"écosser les gousses sèches de fenugrec, faire une pâte en mouillant un mélange moitié moitié de graines et de fragments de gousses, évaporer l’eau, rincer et sécher. Pulvériser et chauffer pour faire apparaître une huile, récupérer cette huile précieuse. Celle-ci donne un teint parfait, lutte contre la calvitie, taches de rousseur, marques de l’âge, rougeurs"

2.2.8 UTILISATION DU COLLAGENE

  Le terme collagène signifie "producteur de colle" (le nom vient en effet d’un mot grec, kolla signifiant colle). Les propriétés du collagène ont été utilisées par les Egyptiens il y a 4000 ans pour faire de la colle. On connaît  parfaitement aujourd’hui la structure biochimique du collagène et du tropocollagène, qui, lorsqu’il est partiellement hydrolysé, permet une dissociation et forme ainsi la gélatine. Les Amérindiens l’utiliseront aussi il y a 1500 ans. La plus ancienne colle connue faite à partir de collagène, date de 8000 ans.

QUELQUES REPERES


La femme idéale égyptienne est mince, pâle, éternellement jeune, l’homme svelte, plus hâlé et glabre(14).

Néfertiti, épouse du pharaon Akhenaton (1350 av JC) : son  buste  est représenté avec   la peau  peinte en ocre jaune et non rouge, car elle veille à la maison et pour conserver un teint frais et éclatant elle se baignait dans le jus d’aloès, appelé "élixir de jouvence" et s’enduisait le corps de beurre de karité.
La reine de Saba, beauté noire qui avait séduit Salomon, roi d’Israel (1000 s av JC), reine que les éthiopiens appelait Makeda, on raconte qu’elle prenait des bains de boue et s’appliquait des masques d’argile.
Cléopâtre VII qui fut la dernière reine d’Egypte (69-30 av JC) fascinait par son maquillage (Kohl et fard bleu marine sur la paupière supérieure, vert d’eau sur la paupière inférieure) elle s’enduisait le visage et le corps de baumes parfumés, à base d’huile d’olive et de palme pour préserver du vieillissement, et entretenait le soyeux de sa peau en se plongeant dans des bains au lait d’ânesse.


7-  Buste de Néfertiti, 1 500 avant J.C.  Musée égyptien de Berlin