HISTOIRE DE LA MEDECINE ESTHETIQUE
"Une Histoire de la Médecine Morphologique et Anti-âge"
Des papyrus d’Ebers aux lasers, comblements et toxine botulique
Dr Isabelle PAUL-GUENOUN © 2008

  8.7 - DEBUT DES TRAITEMENTS PAR LA TOXINE BOTULIQUE

        8.7.1 Découverte de la toxine botulique 

  La toxine botulique est une toxine produite par une bactérie : Le Clostidium botulinium qui a été identifié en 1897 en Belgique, lors de la recherche de la cause d’empoisonnements avec des jambons avariés. C'est une bactérie du genre "Clostridium" dont les spores, lors de leur germination, produisent une puissante neurotoxine thermolabile (détruite par la chaleur).
Clostridium botulinum44-  Clostridium botulinum

  Il existe sept sérotypes connus A,B,C,D,E,F,et G; les sérotypes A,B et E provoquent la maladie classique, le botulisme  transmis dans des aliments contaminés.
  Le botulisme se manifeste par une paralysie flasque des nerfs moteurs et autonomes. Le type B, découvert en 1910, le type A dans les années 20. Pendant la deuxième guerre mondiale les laboratoires d’armement chimique de Fort Detrik Maryland et de Porton Down au  Royaume Uni, vont mener des recherches en vue de l’utiliser comme arme de guerre biologique.
  Le laboratoire Ipsen Pharmaceutical rachètera le laboratoire anglais en 1989.
  En 1975, le Dr Allan Scott, ophtalmologiste, chercheur au Smith-Kettlewell Eye Research Institute, s’intéresse aux substances capables de provoquer des paralysies musculaires transitoires, il se procure de la toxine A et effectue les premiers essais cliniques chez l’homme en 1978 pour le traitement du strabisme des enfants (contraction anormale des muscles extrinsèques de l’œil). Il publiera ses résultats en 1980; les ophtalmologistes feront dès lors une utilisation intensive de la toxine botulique pour traiter le blépharospasme (fasciculations et contractions involontaire et anormales des muscles faciaux autour de l’oeil).
  On l’utilisera aussi dans les tics du visage, les spasmes de l’hémiface, le torticolis spasmodique, la dystonie cervicale.
  Plus tard, un couple de médecins de Toronto, les Drs Jean Carruthers, ophtmalmologiste, et son épouse, Alastair Carruthers,  dermatologue,  observent des effets de "rajeunissement" du contour des yeux de leurs patients. Lleur première présentation, à un congrès scientifique, de l'usage dde la toxine botulique à des fins esthétiques est fort mal reçue.
  A la même période le Dr Nick Lowe va aussi également participer à l'introduction de la toxine à des fins esthétiques en 1990.
   La structure particulière de cette toxine protéique, faite de deux chaînes liées par un pont disulfure thermolabile, lui confère ses propriétés. A très forte dose elle agit sur le système nerveux autonome comme un poison mortel induisant la paralysie des muscles respiratoires.
  Son utilisation en médecine, à doses infinitésimales, relève essentiellement de sa capacité à agir sur les récepteurs cholinergiques nicotiniques neuro-musculaires, en bloquant la libération de l’acetylcholine et en induisant un blocage pré-synaptique de la jonction neuro-musculaire (plaque motrice) ce qui provoque une "paralysie flasque" ou "décontraction permanente" du muscle concerné avec une atrophie progressive, mais réversible, du muscle traité.
   La récupération, qui rend ses effets réversibles, se fait par bourgeonnement ou régénération des plaques motrices, mais a un degré moindre. Grâce a cette particularité et à la parfaite connaissance de son dosage, elle sera utilisée dans de nombreuse spécialités médicales, sans accidents majeurs, et commercialisée par différents laboratoires.

              8.7.2 Utilisation en médecine esthétique de la toxine botulique

   Son utilisation cosmétique relève d'une parfaite connaissance des muscles peauciers du visage, qui sont responsables des plis d’expressions, à tort baptisés "rides" lorsqu’ils sont marquées et permanents au repos.
   La toxine botulique sera donc utilisée pour prévenir ou atténuer la "fixation" de ces plisd'expression.
  Tout l’art du praticien réside dans la réalisation d’un effet-lifting "non figé", en diminuant l'intensité de la contraction des muscles peauciers en cause, sans provoquer un blocage complet, etconserver l'"expressivité" du visage.
  Le respect strict des contre-indications liées à son action présynaptique est essentiel. Il faudra attendre 2002, aux Etats-Unis, pour que la FDA donne son agrément aux traitements de zones du visage impliquant la région inter-sourcillière avec le Botox®.
  Le Botox® deviendra un véritable phénomène de société aux U.S.A. mais il faudra attendre 2003 pour que la toxine botulique reçoive l’agrément des Autorités en France (AMM) qui limite toutefois son utilisation au traitement des rides inter sourcilières (rides du Lion).
  En Malaisie les autorités Islamiques , qui ne possèdent aucun pouvoir légal, ancèrent en Juillet 2006 une fatwa contre l'usage de la toxine botulique à des fins esthétiques, le produit contenant des substances issues du porc.
  Elle sera donc de plus en plus utilisée en esthétique, devenant l’acte médical le plus pratiqué en Europe dans le traitement logique des plis d’expressions.                                                                                                           45 Muscles peauciers